Sans un mot… : Un superbe recueil érotique.
L'évidence se passe parfois de mots, et les jeux de l'amour peuvent largement se contenter de regards et de quelques caresses pour enflammer les esprits. Par quatre petits contes sexuels, Sans un mot... vient l'illustrer avec une sensualité explosive.
Qui ne dit mot consent clame l'adage, et dans cet album les rencontres se font effectivement sans l'échange de paroles ou présence de dialogues. A chaque fois les personnages se regardent, se scrutent, se surprennent et s'offrent finalement les uns aux autres en acceptant sans défiance les fantasmes ainsi mis à nus. Dans L'objet du délit une femme rentre chez elle et découvre le beau cambrioleur s'examinant dans sa lingerie fine ouvrant ainsi la voie à un jeu de domination particulièrement émoustillant. Live Tonight détaille un concert de jazz où l'exhibition impudique de la chanteuse provoque une vague de chaleur transportant la salle dans une orgie libérée. International exchange montre comment une simple erreur de valises fait découvrir à deux étrangers leurs amours communs pour les photos lubriques et la sodomie. Enfin le sobrement intitulé Silence ! fait découvrir à une étudiante rebelle que quelques belles surprises peuvent parfois se cacher sous les jupes à carreau des filles trop sages. Quelques pages à peine pour explorer les fantasmes d'hommes et de femmes curieux et libértins, pour déguster des situations pleines de fantaisies et de jouissance tout en plaisirs partagés.
Pratiques BDSM, voyeurisme, échangisme, travestissement... tout cela est ausculté avec une grande simplicité, avec un grand naturel, mais aussi avec une délicatesse et une finesse particulièrement agréable. Des situations sexy en diable joliment imaginées par l'italien Jerrert et délicatement mis en image par sa compatriote Elena Ominetti. Une artiste encore inédite par chez nous, mais qui mérite manifestement que l'on s'y intéresse rapidement. Ses femmes sont belles, idéales soit mais aux caractères variés, et à contrario de bons nombres de BD pornographiques, n'effacent pas la présence de leurs partenaires masculins, aussi réussis et crédibles. Sur ses planches, là encore tout se fait en douceur avec des contours gracieusement encrés, des formes délicieusement voluptueuses, des attitudes lascives mais naturelles et des compositions indéniablement amoureuses, jouant sur la corde entre le lubrique et le romantique. Des effets décuplés par une colorisation esquissées où les dégradés de teintes effacées (gris, vert ou bleu selon les histoires) sont réhaussés par des touches plus vives de rouge, rose, ou violet, qui transporte la suavité des corps et l'incandescence des désirs. Un superbe recueil érotique dont le seul vrai défaut est d'être indéniablement bien trop court.