Les Mille et une Nuits (2) : cet album confirme le talent de Trif dans la réinterprétation des contes populaires.
Le premier tome de cette histoire s’appuyait sur les fameux Contes des Mille et une nuits : en représailles à l’infidélité de son épouse, le sultan la condamne à mort et, afin d’être certain de ne plus être trompé, il décide de faire exécuter chaque matin la femme qu’il aura épousée la veille.
En dépit du danger qui la menace, Shéhérazade, la fille du grand vizir, décide d’épouser le sultan pour mettre fin à cette sanglante névrose. Après leur nuit de noces, elle raconte une histoire au sultan. À la fois intrigué et charmé par le récit, le sultan reporte d’un jour l’exécution de la jeune femme. Et ainsi de suite à plusieurs reprises...
Alors que la situation semblait apaisée à la fin du premier tome, Shéhérazade tombe malade au début du second. De crainte que sa fièvre ne contamine le sultan, les docteurs requièrent sa tenue à l’écart. Mais éloignée de son épouse, les doutes du Sultan l’assaillent à nouveau, et ses travers reprennent. Pour éviter que le situation ne s’envenime, Shéhérazade brave les consignes médicales et se rend auprès de lui alors qu’elle n’est pas encore guérie...
- Shéhérazade choisit de raconter une histoire où la bestialité de l’homme, ici incarné par un djinn, se retourne contre lui.
Nous vous l’avons déjà mentionné à plusieurs reprises : l’auteur Trif, assisté de Celestini aux couleurs, est devenu en quelques albums une figure de l’érotisme soft. Et la conclusion de ce diptyque confirme son talent dans la réinterprétation des contes populaires.
Ces deux contes racontés par Shéhérazade font la démonstration du soin qu’il prend construire pour ses histoires. Certes, ils traitent du plaisir, mais celui-ci n’est qu’un prétexte pour explorer plus avant les attentes et les désirs des hommes comme des femmes. Ainsi, chacun de ses récits sert également le troisième plus généroque qui les englobe tous deux : la relation singulière entre Shéhérazade et le Sultan. Et comment la jeune femme glisse des messages à son époux par le biais des contes qu’elle choisit.
- Malgré son envie de retrouver son époux, Shéhérazade n’est pas encore guérie
Outre le propos, les dessins clairs de Trif et magnifiquement servis par les couleurs de Celestini qui confèrent une grande qualité graphique à l’album. Les parfums de l’Orient déborde de sensualité et le découpage imposé par le conte permet au dessinateur d’avancer rapidement dans l’histoire tout en soignant chaque case.
Le texte participe pleinement à la réussite de l’adaptation : il impose une lecture plus psychologique, tout en profitant de mots soigneusement choisis pour évoquer au mieux les plaisirs ou les tourments des personnages.
Nouvelle réussite donc pour le tandem d’auteurs. Un diptyque à conseiller pour les amateurs de récits soignés et sensuels, à lire seul ou à deux.