Cet album grand format de 48 pages nous propose une compilation de quatre courts récits qui ne partagent pas réellement de points communs, sinon de jouer avec surprise et sensualité sur des situations presque communes à la base.

Deux voyageurs échangent leurs valises par erreur ; dans une bibliothèque, une étudiante regarde un film sur son portable en laissant volontairement le son ; la propriétaire d’un appartement coince un voleur entré par effraction ; et un couple assiste à un tour de chant dans un club cosy. Bref, rien de vraiment pernicieux...

Mais cela le devient lorsque les valises contiennent des éléments aussi érotiques que personnels ; quand le film regardé par l’étudiante est pornographique ; lorsque le voleur est en train d’essayer les sous-vêtements de la propriétaire ; et quand la musique génère une onde sensuelle au sein de l’auditoire.

La bande dessinée muette possède un énorme avantage, elle vous donne l’occasion d’imaginer vos propres dialogues, histoire d’amener le récit au niveau espéré. Le revers de la médaille est qu’il est bien entendu souvent plus vite lu qu’un Blake et Mortimer, mais cela laisse la possibilité de vous concentrer le dessin.

Or, dans le cas de Sans un mot, le graphisme d’Elena Ominetti est des plus évocateurs. Non seulement la dessinatrice italienne met beaucoup de sensualité dans son trait, mais en plus, elle joue habilement des couleurs et des contrastes pour mettre l’accent sur des éléments importants, conférant ainsi une véritable ligne graphique à ses récits.

Ceci va de pair avec les scénarios de Jerrert. On y trouve de la fantaisie qui lorgne même vers le fantasme. Surtout ses histoires ont l’avantage d’être intrigantes à la lecture, tout en recelant une conclusion parfois inattendue.

Sans renouveler le genre, on passe un agréable moment avec Elena Ominetti et Jerrert, sans qu’un mot soit écrit ou prononcé, mais avec beaucoup de sensualité, tant dans le propos que le dessin.

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