Sexe primé : Un recueil qui se dé“joue” des normes

Publié le 20/06/2017

Hello les coquins,

Comme promis, voici mon avis sur le nouveau recueil de Stella Tanagra intitulé « Sexe primé » paru aux éditions Tabou.

Tout d’abord, je te remercie Stella de m’avoir fait découvrir un univers transgressif que je ne connaissais pas et qui a éveillé ma curiosité voire même un peu plus…

Je dois avouer que vous parler de l’univers de Stella Tanagra sur le blog a été un challenge au début. En effet, je voulais vous présenter l’auteur qui se cache derrière ses dix nouvelles érotiques avec le ton que vous me connaissez, mais sans pour autant dénaturer son oeuvre.

Un recueil qui se dé”joue” des normes :

Sexe Primé est à l’image de Stella Tanagra, sensuel et captivant, je dirais même dévorant. Stella est incontestablement la reine de l’érotisme “hors-norme” qui met en scène nos désirs refoulés ou assumés.

Stella Tanagra déjoue les normes afin de mieux nous livrer sa vision de notre société actuelle à travers les transgressions et les interdits liés à notre sexualité. Les nouvelles se succèdent et ne se ressemblent pas, mais le message, lui, est le même : repousser nos  limites.

Ce recueil s’adresse à un public averti, en effet il n’est pas à mettre entre toutes les mains… Mais une fois dans les vôtres, vous plongerez dans l’univers de Stella avec une délectation coupable. Honnêtement, lorsque j’ai commencé à lire les premières pages, je ne savais pas à quelle sauce j’allais être mangée…

Puis, j’ai laissé tomber mes défenses pour mieux me laisser transporter par ces dix nouvelles qui nous présentent des personnages complexes aux prises avec leurs pulsions et leurs désirs.

Entre rêve et réalité :

Tantôt bourreau, tantôt victime, les rôles s’échangent pour mieux mettre en évidence la noirceur et/ou la détresse humaine. Ici la sexualité est traitée sous toutes ses formes même les plus dérangeantes : passionnelles, meurtrières, virtuelles, voyeuses…

Le tout est très bien écrit, j’avoue avoir du “Google it” quelques termes, histoire de relever mon vocabulaire. J’ai plusieurs fois était surprise par la torpeur qui s’est dégagée à la lecture de chaque nouvelle comme bercée par leur univers érotico- surréaliste.

Comme-ci, petit à petit je sombrais dans un rêve où tout devient flou et énigmatique. Et justement dans Sexe Primé, du rêve au cauchemar, il n’y a qu’un pas, celui de Stella, qui mène la danse parfois mortuaire.

Nous commençons chaque nouvelle en suivant un personnage qui pourrait être vous ou moi, il a ses soucis, ses frustrations, ses interrogations qui vont prendre une tournure fantastique.

Attention, ne vous méprenez pas, si certaines nouvelles sont plus sombres que d’autres, il y en a vraiment pour tous les goûts. J’entends par là qu’il y a des nouvelles qui m’ont aussi fait sourire, car la plume de Stella est excellente.

Avec une petit soupçon d’humour :

Un petit coup de coeur pour la nouvelle “Ecran total” qui nous plonge avec un humour acerbe dans les mésaventures d’un homme qui se nourrit de porno 2.0 et accessoirement de ses bannières publicitaires qui nous pourrissent la vie sur YouPorn.

Le sexe est partout, même sur nos écrans de télé où nos chers publicitaires ne nous laissent aucun répit en nous vendant du fromage en filmant une nana qui n’en peut plus de croquer… dans son camembert !

Si tu es seul et désespéré, te vider la tête en matant la télé après n’avoir rien choppé, est un luxe auquel tu n’as pas le droit ! Il y aura toujours un spot publicitaire pour te rappeler que seul consommer rendra ton existence plus (ré)jouissante.

Et beaucoup de vérités :

Stella Tanagra dénonce avec intelligence et dans un style qui lui est propre, les relations amoureuses et les interdits. Tour à tour prédateur, proie ou tout simplement voyeur, nous sommes happés par son univers transgressif.

À travers ses dix nouvelles, Stella fait remonter à la surface nos pires fantasmes ou nos pires cauchemars qui font encore la une des actualités. Je dirai même que Sexe Primé a aussi un caractère préventif. Non pas que grâce à lui vous allez pouvoir cerner un peu mieux un sociopathe hein…

Mais en revanche, un manipulateur, oui. La nouvelle “Un gentil garçon” m’a captivé dans ce sens, car nous avons tou(te)s entendus des témoignages de femmes psychologiquement et physiquement brisées après avoir passé des années avec un manipulateur pervers narcissique (oui rien que ça)

Celui qui brique par brique construit un mur autour de vous, vous enclave, vous prive de vos proches pour mieux vous briser comme nous le décrit Stella. Celui qui vous rendra toujours responsable de ses propres maux, ceux même que vous subissez.

L’interview de Stella Tanagra :

Sexe Primé est une œuvre portée haut et fort par le style de Stella Tanagra qui manie les mots comme des armes et rend ainsi sa lecture dangereusement addictive. C’est aussi un condensé de références sombres qui m’ont fait penser à “American Psycho” de Bret Easton Ellis, “Le Parfum” de Patrick Süskind ou bien encore “Sur la route” de Jack Kerouac.

Quelles sont les influences de Stella Tanagra et qui se cache derrière ce recueil transgressif ?

1. Stella Tanagra, pour ceux qui ne te connaissent pas encore, comment décrirais-tu ton univers ?

Mon univers est essentiellement littéraire bien que je fasse aussi de la photo, en parallèle. Je dirais que mon style allie érotisme et subversion. Au-delà de l’aspect excitant des récits, j’aborde des thématiques souvent taboues. J’aime bousculer les lecteurs, les surprendre comme un émoi qui prend aux tripes.

2. Tu es une femme très active : bloggueuse sexo, modèle de charme, auteur chez Tabou… Et tu as aussi participé au collectif “Osez 20 histoires de soumission sexuelle” de La Musardine. Raconte-nous ton parcours ?

L’éveil des sens fut le point de départ de mon activité d’auteure érotique. A l’âge de 20 ans, la découverte de la sexualité dans toute sa variété me débordait de questionnements et d’inspirations. J’ai commencé à écrire au fil de mes expériences et de mes fantasmes.

À la sortie de « Sexe Cité », tout s’est enchainé sans intermède : l’écriture de scénarios pour le site le bisou, la création de mon blog, des dizaines de sextoys reçus, des propositions de shootings, mon texte retenu pour le collectif « Osez 20 histoires de soumission sexuelle » puis la sortie de « Sexe Primé ». A partir du moment où j’ai mis un pied dans ce monde, les connexions se sont faites au fil des jours. Ça m’a paru presque magique ! Dans la « vie normale », on n’est pas toujours accueilli aussi spontanément et avec autant d’enthousiasme. J’ai fait de très belles rencontres et continue d’en faire, une réussite et un plaisir que je savoure à leur juste valeur.

3. Pourquoi avoir privilégié des nouvelles à un roman pour Sexe Cité et Sexe Primé ? Cela n’est pas un genre aisé à apprivoiser.

À vrai dire, ce ne fut pas un choix mais une impulsion qui s’est naturellement axée sur l’écriture de nouvelles. L’envie s’est exprimée ainsi. Je mets un point d’honneur à écrire sans orienter au préalable l’objectif à atteindre. Je recherche une expression pure et dénuée de censure. Entre temps, j’ai eu envie de m’essayer à l’écriture de romans autant pour le défi que le désir de faire des propositions nouvelles, aux lecteurs. J’ai donc deux projets de romans, en cours d’écriture…

4.Tu aimes dé(jouer) les normes pour mieux nous interroger sur les tabous. Ton premier recueil “Sexe Cité” paru en 2015 aux éditions IS est une ode sur le plaisir féminin, peux-tu nous en dire plus ?

J’ai écrit « Sexe Cité » au fil de ma propre expérience d’une sexualité libérée que j’ai vécue comme une véritable révolution. Prendre conscience, que le libertinage était à ma disposition, m’a provoqué une effervescence intellectuelle et sexuelle ! C’est donc un recueil basé sur des désirs féminins qui sortent de l’ordinaire puisque je prends plaisir à aller là où se logent les interdits…

5. Dans Sexe Primé, il y a plusieurs références à des grands classiques de littérature comme “Le Parfum” ou “American Psycho”. Quelles sont tes influences littéraires ?

Je tire mon regard sociologique sur les interactions de mes personnages, de lectures à propos des rapports de genres telle que « La domination masculine » de Pierre Bourdieu. Pour les côtés trash et dérangeant, ce sont les romans de Virginie Despentes et notamment « King Kong théorie » qui m’ont donné envie d’oser, à mon tour. Le versant musical et poétique de mon style est clairement en lien avec mon goût pour la poésie et plus particulièrement celle de Boris Vian et de Charles Baudelaire.

À travers mon écriture, je recherche toujours l’impact qu’il soit émotionnel, sensoriel ou intellectuel, par exemples. Je suis effectivement très intriguée et attirée par les personnages ambivalents qui sont tiraillés par des dilemmes. La pulsion d’amour frôle celle de dévoration puisque les extrêmes sont en réalité étroitement liés. Cette constatation me fascine.

6. D’où vient cette envie de nous présenter la noirceur de la nature humaine ? Sommes-nous tous un peu victime de nos propres pulsions ?

Sans doute parce que j’ai moi-même vécu de plein fouet, les affres de la nature humaine, en ce qu’elle a de plus obscur. Dans une descente aux enfers, le corps et la sexualité sont souvent mis à rudes épreuves. J’essaie de mettre en lumière la beauté morbide de l’instant et de tirer le bien du mal. J’aime bien l’idée de « recycler la laideur » par le biais de projets artistiques tel que l’a fait HG Giger avec Alien, sa sublime mais non moins monstrueuse création.

On entretient une forme de dépendance à nos pulsions, quitte à faire des choix parfois hasardeux en matière de sexe. De là à concevoir que l’on a des pulsions pour peut-être les assumer et qui sait, les mettre en branle, il y a un monde. C’est un cheminement pourtant nécessaire pour être acteur de sa vie. La première barrière à faire tomber est le poids de nos socialisations différenciées, empruntes du patriarcat et fortement marquées par la culpabilité. Une fois allégé de ce poids, tout l’enjeu est de ne pas tomber dans une course au « toujours plus » propre à notre société de consommation. Bref, il faut se rencontrer soi-même, ce qui n’est pas une mince affaire quand on perd plus de temps à essayer de paraitre en collant aux dictats, plutôt qu’à comprendre son être.

7. Ta nouvelle “Écran Total” est criante de vérité. L’anti-héros a un côté attachant face au sexe 2.0 où la femme est perçue comme une pute qu’elle se donne facilement ou se refuse… Un vrai phénomène de société ?

Une constatation qui n’a comme conséquence, que la frustration, en passant par un clivage troublant pour chacun de nous. D’une part, ces messieurs sont partagés entre les réminiscences d’une conception patriarcale des relations et de l’autre, une émancipation sexuelle des femmes. D’autre part, les femmes sont aux prises avec l’objeification de leur corps. La difficulté qui en résulte étant d’en disposer sans être influencé par une pression tantôt prônant la libération du désir féminin, tantôt la jugeant de soumission aux attendus des hommes.

8. Ta nouvelle “Un gentil garçon” pointe du doigt un mal insidieux, la prison psychologique dans laquelle beaucoup de femmes encaissent les manipulations de leur compagnon. As-tu eu envie de réveiller les consciences ?

C’est en effet un mal invisible et très sournois. Il se propage sans que les victimes ne prêtent garde. Leur fragilité est généralement la faille utilisée pour qu’une mécanique bien rodée permette aux pervers, d’instaurer leur hégémonie. J’avais donc envie de percer à jour, ce phénomène mal compris. C’est extrêmement blessant d’entendre des personnes, juger à tort les femmes qui subissent ces situations. Souvent les gens ne comprennent pas pourquoi elles ne portent pas plainte, pourquoi elles trouvent des excuses à leur mari et finissent par dire qu’elles choisissent cette vie. Certes, je pense qu’il n’y a pas de hasard quand, à plusieurs reprises, une femme se retrouve à vivre dans un tel contexte. Cette répétition pointe un schéma personnel qui se répètera tant qu’une cassure nette ne se sera pas produite et ce, par un travail introspectif. Cela n’empêche qu’elles ne peuvent pas être tenues pour responsable de leur quotidien. Le propre d’une manipulation est de formater la victime de sorte que ce qui tient de l’impossible devienne banal. Cette emprise psychologique est façonnée au fil du temps afin de prendre possession de l’autre sans qu’il ne se rende compte qu’il est en train d’être empoisonné. La perception du réel se modifie et la peur absolue et parfois irrationnelle empêche la personne de se dénouer de liens qui sont d’abord psychiques avant d’être éventuellement physiques.

9. Ta nouvelle “Ma chair et tendre” met les rondeurs à l’honneur, et ça fait du bien ! La femme y est voluptueuse, elle séduit et profite des bonnes choses de la vie. Serait-il temps de nous décomplexer face au diktat de la maigreur ?

Il est grandement temps de concevoir que la beauté ne correspond pas qu’à un seul modèle. La beauté est multiforme ! On a tendance à suivre la mode, même en matière d’attirance sexuelle ; les poils en sont l’illustration parfaite. Il y a encore quelques temps, le port de la barbe était totalement as been… Certaines personnes peuvent même avoir honte de dire qu’elles sont attirées par une spécificité physique car, celle-ci ne rentre pas dans les canons de beauté, par exemple, les petites poitrines. Il est question de se recentrer sur ce que l’on est vraiment et ce que l’on aime vraiment. Mais avant tout, c’est une lutte contre la discrimination qui anime mon travail. Il ne peut pas y avoir de critères de refus pour appartenir à la race humaine. C’est pourtant ce que toutes les personnes au physique hors norme ressentent dès la maternelle ; une socialisation si encrée qu’elle est diffusée dès le plus jeune âge pour formater des générations entières de moutons. Etre soi-même peut parfois tenir d’une lutte qui en vaut néanmoins la chandelle !

10. Tu étais le mois dernier au 153 à l’atelier Les Écrits Polissons animé par Flore Cherry, et en dédicace au Taken Club pour la soirée Embrassez Qui Vous Voulez organisée par Laslo. Quels sont tes prochains évènements à venir ?

Après l’été, je participerai à l’émission radio de Wyylde afin de présenter « Sexe Primé ».

Suivez toute l’actualité de Stella Tanagra :

Retrouvez Stella sur son site stellatanagra.com où vous saurez tout sur ses futures apparitions. Pour les accros aux réseaux sociaux, rendez-vous sur son Twitter et sa page Facebook.

Où retrouver Stella très prochainement ?

Dès la rentrée, Stella Tanagra participera à l’émission radio de Wyylde afin de présenter son recueil « Sexe Primé ». Vous pouvez suivre l’émission animée par Benjamin et Anna Polina tous les lundis sur leur Facebook de 21h-22h puis sur le site Wyylde à partir de 23h.

Où se procurer Sexe Primé et Sexe Cité ?

Sexe Primé est disponible sur le site des éditions Tabou et à la Fnac. Sexe Cité, lui, est édité chez IS Edition.

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